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10 mai 2007

Michel Sardou-1980

Si j'étais 

Et si j'étais bizarre,
Comment dire... asexué,
Un peu comme un roseau
Qu'on aurait déplanté
Et puis qu'on aurait mis
Tout au fond d'un jardin
Avec de vieux outils,
Près de la niche au chien,

Si j'avais le teint clair
Et la peau transparente
Et de grands yeux ouverts
Et qui jamais ne mentent,

Des dents de magazine
Et des lèvres de marbre,
Des prénoms masculines
Et presque pas de barbe,

Et si j'aimais les femmes
Juste par couverture,
Non pas celles du lit,
Celles qui couvrent l'armure,
Qu'il me faut pour survivre
Aux journaux racontars,
A tous ceux qui n'croient pas
Que lorsque vient le soir

J'n'ai jamais eu besoin
Pour dormir d'autre chose
Que du corps bois de rose
De ma première guitare.

Et si j'étais violence,
Comment dire... cuir métal,
Le rêve en fer de lance,
Le cœur tatoué de balles,
Un sang qu'on ne peut plus
Maintenir dans ses veines,
Un bouillon malfaisant
Plus pollué que la Seine,

Et si j'étais sournois
Au point que les méchants
Me parlent à demi-voix
Et m'écoutent en tremblant,
Et si je jouais l'ami
Pour étouffer, meurtrir,
Si je jouais le gentil
Juste pour me faire rire,

Si derrière mes lunettes
J'avais peur de vous voir,
Si j'avais dans la tête
Comme un grand drapeau noir,
Une envie d'être seul,
Sans femme et sans enfant,
Si je changeais ma gueule,
Si j'avais du talent,

J'n'aurais pas eu besoin,
Pour les mots que j'ai dits,
De vos faux coups de mains,
De vos points sur mes i.

Et si j'étais timide,
Comment dire... emprunté,
Un oiseau dans le vide,
Un robot débranché,
Et si j'n'étais au fond,
Après tout c'que j'ai dit,
Qu'un soldat de carton
Qui n'a pas d'ennemi,

J'n'aurai pas eu besoin,
Pour chanter mes chansons,
De vos cœurs sur mes mains,
De vos yeux sur mon front.

À la volonté du peuple 

A la volonté du peuple
Et à la santé du progrès,
Remplis ton cœur d'un vin rebelle
Et à demain, ami fidèle.
Nous voulons faire la lumière
Malgré le masque de la nuit
Pour illuminer notre terre
Et changer la vie.

Il faut gagner à la guerre
Notre sillon à labourer,
Déblayer la misère
Pour les blonds épis de la paix
Qui danseront de joie
Au grand vent de la liberté.

A la volonté du peuple
Et à la santé du progrès,
Remplis ton cœur d'un vin rebelle
Et à demain, ami fidèle.
Nous voulons faire la lumière
Malgré le masque de la nuit
Pour illuminer notre terre
Et changer la vie.

A la volonté du peuple,
Je fais don de ma volonté.
S'il faut mourir pour elle,
Moi je veux être le premier,
Le premier nom gravé
Au marbre du monument d'espoir.

A la volonté du peuple
Et à la santé du progrès,
Remplis ton cœur d'un vin rebelle
Et à demain, ami fidèle.
Nous voulons faire la lumière
Malgré le masque de la nuit
Pour illuminer notre terre
Et changer la vie.

K7 

Dans tes écouteurs, jouent des cassettes,
Des sons qui font bouger ta tête.
C'est pas si bête.

Autour de ton cœur, y a des étoiles,
New York, Los Angeles à la voile.
C'est pas si mal.

Des nuits comme des guitares qui sonnent.

Un horaire d'avion sous l'oreiller,
Comme une envie de tout quitter,
De t'en aller.

Tes copains d'bahut, copains d'chahut,
Ne savent plus te faire rêver,
Te faire planer.

Des jours en vieux 45 tours.

Dans la nuit t'entends un saxophone
Qui pleure, qui crie, qui parle d'un homme.
Dans la nuit tu t'emmènes en voyage,
En disque, en film, ou en images.

Dans tes écouteurs, des sons en or
Font rire tes yeux, jouer tes cheveux,
Bouger ton corps.

Tu t'inventes un amour peu banal,
Amour sur fond de carte postale.
C'est pas si mal.

Des jours en vieux 45 tours,
Des nuits comme des guitares qui sonnent.

Des jours en vieux 45 tours,
Des nuits comme des guitares qui sonnent.

Dans la nuit t'entends un saxophone
Qui pleure, qui crie, qui parle d'un homme.
Dans la nuit tu t'emmènes en voyage,
En disque, en film, ou en images.

Dans tes écouteurs, jouent des cassettes,
Des sons qui font bouger ta tête.
C'est pas si bête.

Autour de ton cœur, y a des étoiles,
New York, Los Angeles à la voile.
C'est pas si mal.

Des nuits comme des guitares qui sonnent.

Dans tes écouteurs, jouent des cassettes,
Des sons qui font bouger ta tête.
C'est pas si bête.

Autour de ton cœur, y a des étoiles,
New York, Los Angeles à la voile.
C'est pas si mal.

Des nuits comme des guitares qui sonnent...

La pluie de Jules César 

Il est mort aujourd'hui.
Y a pas de quoi s'en faire.
Il est comme la pluie :
Il retourne à la terre.
Il va nourrir le blé
Dont tu feras le pain.
Il n'y a pas,
Il n'y a pas
De fin.

La pluie de Jules César
Est la même que celle
Qui m'a mouillé, ce soir,
Dans la rue de Courcelles.
C'est un aller-retour,
Un instant d'infini.
Rien n'est jamais,
Rien n'est jamais
Fini.

On meurt toujours
Pour quelque chose,
Pour un amour,
Pour une rose,
Mais mourir
Pour mourir,
C'est pas mal
De se dire
Qu'on a quand même un avenir.

Il est mort aujourd'hui.
Y a pas de quoi s'en faire.
Il est comme la pluie :
Il retourne à la terre
Il remonte à l'envers
L'infinité du temps.
On se reverra,
On se reverra
Mais quand ?

Dossier D 

Il est entré au bar du port.
Aucun signe particulier,
Et l'instant d'après il en sort
Et le bar commence à brûler.
Il n'y a pas un seul témoin.
Personne ne se souvient de rien.
L'enquête dure depuis des années.
Tout se trouve dans le dossier D.

On le signale à Monterrey
Où un marin du Titanic
Lui abandonne son béret.
Il part sur le bateau tragique.
Il est parmi les survivants,
Disparaît au premier tournant.
L'enquête n'a pas avancé.
Tout se trouve dans le dossier D.

Juste au moment de l'incendie
On le voit à San Francisco.
Un shérif le photographie
Mais il a raté la photo.
On le voit maigre et basané.
C'est léger pour l'identifier.
On continue à piétiner.
Tout se trouve dans le dossier D.

Un rescapé de Mathausen
Affirme connaître sa voix.
Il est déformé par la haine.
Son témoignage ne compte pas.
On l'a entendu récemment
A la radio, mais pas en allemand.
On a pu l'enregistrer.
Tout se trouve dans le dossier D.

Il fait partie du commando
Qui a fait sauter le Bœing
Sur l'aéroport de Tokyo.
On compte 400 victimes.
Dix personnes ont pu se sauver.
Il est dans les miraculés.

On l'a vu partout où la mort
Avait décidé de frapper :
A Pompéi, à Pearl Harbor,
Au pied de la montagne Pelée.

Il y a un côté amateur
Chez ce prophète de malheur.
C'est un maniaque et c'est un fou.
C'est un assassin, un pyromane,
Un être monstrueux qui joue
Avec les hommes avec les âmes.

Dernier exploit du criminel,
Après on peut tirer l'échelle.
Sur cinq colonnes on va titrer :
"On a volé le dossier D."

U.F.O. 

Je jure sur la tête de ma mère
Que je n'avais pas bu
La moitié d'une bière
Et pas fumé non plus.
J'étais tout à fait clair,
J'allais bien dans ma peau,
J'étais bien dans ma tête,
J'écoutais la radio.
J'écoutais les infos,
J'écoutais la radio.

Soudain, Monsieur le commissaire,
J'ai vu comme un éclair
Déchirant le brouillard.
C'était un oiseau bizarre
Qu'était pas un oiseau,
Qu'était pas un avion.
Sur ma dépositon,
N'était ni vrai ni rond
Mais oui j'allais très bien,
Très très bien, très très bien.
Je roulais à cent-vingt
A cent-vingt, à cent-vingt.
J'écoutais la radio,
La radio, la radio.

L'engin m'a dépassé
Dans un bruit de tonnerre
Et puis s'est arrêté
Suspendu dans les airs.
Alors j'ai entendu
Une voix extraordinaire
Me dire : "Ne craignez rien :
Nous ne voulons pas la guerre.
Nous sommes des Terriens
De la planète Terre.
Nous sommes des amis
Qui vous voulons du bien."
Docteur, docteur, docteur, docteur,
Internez-moi ce Martien !

Je jure sur la tête de ma mère
Que je n'avais pas bu
La moitié d'une bière
Et pas fumé non plus.
J'étais tout à fait clair,
J'allais bien dans ma peau,
J'étais bien dans ma tête,
Je roulais à 120.
Mais oui, j'allais très bien.

La haine 

Elle a la gueule d'un centurion,
Les yeux d'Hitler ou d'Attila,
Le masque de la religion,
Le sourire de Caligula.
Elle peut sortir d'une voiture,
Le poing levé sur la fureur,
Vomissant des torrents d'injures
En arborant le bras d'honneur.
Elle a le rictus de la hyène,
La haine, la haine, la haine.

Plus meurtrière qu'un cancer,
Plus sûre qu'une épidémie,
Elle a ravagé l'univers,
Mieux que la pire des maladies.

On parle de la peste noire.
On meurt devant le choléra.
On en frémit sans trop y croire
Mais pourquoi ne le dit-on pas ?
Elle a la bombe à hydrogène,
La haine, la haine, la haine.

Fille bâtarde de l'amour,
De la peur, de la jalousie,
Elle a engendré à son tour
La torture et la calomnie,
La haine.
Elle met des cagoules qui font peur,
La djellaba du black mosslem,
La haine, la haine.

Regardez-la en Arménie
Et à Varsovie qu'elle écrase,
Ecoutez l'écho de ses cris
Aux portes de la chambre à gaz,
Voyez ces terribles mégères
Tricotant devant l'échafaud
Et la déclaration de guerre
D'un homme derrière son bureau,
Qui d'un trait de plume déchaîne
La haine ! la haine ! la haine !

Marco Perez (Le Play Boy) 

Il a 50 ans. Il est grand. Il est mince,
Brun et grisonnant.
Une chaîne en or brille sur sa poitrine velue.
Quand il descend de sa décapotable italienne,
Devant "la Belle Ferro" environné d'un parfum "for men",
On admire son sourire éclatant au milieu d'un visage
Hhhâlé... artistiquement buriné...
Il s'appelle Marco... Marco Perez.

Play Boy, ce n'est pas un état.
C'est, à travers les nuits de noces,
Un authentique sacerdoce.
Play Boy, ce n'est pas un état.
Play Boy, c'est un apostolat.
La la la la la la la...

Divorcé une grande fille qu'il traîne après lui
Dans les cocktails... il est vendeur dans le P.A.P.
Prononcer : prêt-à-porter.
Il habite avenue Foch pour le standing mais
Dans une chambre de bonne pour le loyer.
Un de ses amis est cousin du 3ème assistant de Lelouch
Ce qui lui permet d'assister lui-même
A des auditions et de s'entraîner... pour l'été.
Ah l'été... où sa carrière de Play Boy
S'épanouira à longueur de nuits.

Play Boy, ce n'est pas un état.
C'est, à travers les nuits de noces,
Un authentique sacerdoce.
Play Boy, ce n'est pas un état.
Play Boy, c'est un apostolat.

Quand il arrive à St-Tropez par le train du matin,
Le 1er août il revêt immédiatement son uniforme.
Un petit short acheté chez "Choses" il y a pas mal d'années,
En compagnie de Brigitte.
Ah Brigitte... bonne qualité, ça dure.
Et un tee shirt sur lequel on peut lire "Young men go on"
Et "old men stay".
A midi, on le rencontre à tous les apéritifs,
Là où l'on programme la journée d'un Play Boy.

Play Boy, ce n'est pas un état.
C'est, à travers les nuits de noces,
Un authentique sacerdoce.
Play Boy, ce n'est pas un état.
Play Boy, c'est un apostolat.
Play Boy, ce n'est pas un état.
C'est, à travers les nuits de noces,
Un authentique sacerdoce.
Play Boy, ce n'est pas un état.
Play Boy c'est un aposto...
Play Boy c'est un aposto ...
Play Boy c'est un apostolo...
Lat et Merde !

La maison en enfer 

Je me demande comment les murs
Tiennent encore debout
Après tant de coups de coups durs,
De coups de vent, de flots, de boue.

Je me demande comment le toit
Ne s'est pas arraché,
Comment les escaliers de bois
Ne se sont pas effondrés.

On mène une vie qui ressemble à la mort
Dans la maison en enfer.
Quand on s'est blessés, on se déchire encore,
Dans la maison en enfer.

Je me demande comment les arbres
N'ont pas été déracinés
Et comment les statues de marbre
N'ont pas rougi de nos soirées.

Qui peut me dire comment un homme
A fait autant pleurer ?
Qui peut me dire pourquoi personne
N'a essayé de me sauver ?

On mène une vie qui ressemble à la mort
Dans la maison en enfer.
Quand on s'est blessés, on se déchire encore
Dans la maison en enfer.

Je me croyais un roi maudit,
Un prince découronné.
Toi princesse d'hégémonie,
Nous étions seulement des damnés.

Je me demande comment l'amour
A résisté à tout,
Après tant d'appels au secours
Lancés dans le désert des fous.

Il faut croire que l'on peut vivre encore
Dans la maison en enfer
Et que l'amour est plus fort que la mort,
La paix plus forte que la guerre.

Dans la maison en enfer...

La donneuse 

C'est une fille qui donne tout :
Ses seins, ses sous, ses dessous.
Elle donne son corps, son cœur et l'heure,
Comme la Normandie donne son beurre.

C'est une fille à succursales,
Mais à l'entrée principale
Il y a une sonnette de nuit
Comme dans toutes les bonnes pharmacies.

Une donneuse
Universelle
Qui vous donne tout pêle-mêle :
Le bonjour, son temps et le moral,
Qui vous donne même le signal.

Un soir de 14 juillet,
Je me rappelle que j'lui ai
Demandé de m'offrir son pétard.
Elle me l'a donné sans histoires.

C'est une fille qui donne tout,
N'importe quand, n'importe où
Et même une idée du néant
Quand elle prend l'air intelligent.

Une donneuse
Universelle
Qui vous donne tout pêle-mêle :
Ses clés, son blé et son avis,
Comme la Bourgogne donne ses p'tits gris.

C'est une fille qui donne tout,
Mais, malgré tout, méfiez-vous :
Elle aime tellement la justice
Qu'elle vous balance à la police.

C'est une fille qui donne tout :
Ses seins, ses sous, ses dessous.
Elle donne son corps, son cœur et l'heure,
Comme la Normandie donne son beurre.

C'est une fille qui donne tout...

La génération "Loving you" 

Ma génération, c'est "loving you",
Une chanson, c'est tout,
Une génération sans histoire,
Sans mémoire.
Ma génération, c'est "loving you".

On a découvert l'existence
A travers la musique et la danse.
Ça peut vous paraître une erreur
D'avoir trouvé le bonheur
En commençant la vie du côté cœur.

Ma génération c'est "loving you",
Une chanson, c'est tout,
Une poussière d'étoiles dans les nuages,
Qui voyage.
Ma génération, c'est "loving you".

Ils se bousculaient dans nos rêves,
Les héros géants de l'image et du son.
Nous avons fait des enfants blonds
Qui ressemblaient à nos chansons,
Blonds comme les femmes de ma génération.

Ma génération c'est "loving you",
Une chanson, c'est tout,
Une génération sans histoire,
Sans mémoire,
Ma génération, c'est "loving you".

Ma génération, c'est "loving you",
Une chanson, c'est tout,
Une génération sans mémoire,
Sans histoire.

Victoria 

Victoria, 1914.
L'été commence bien.
Nous partons en vacances
A Dinard.
Je me marie avec Edouard.

Victoria, 1917.
La guerre n'en finit pas.
Michel a deux ans,
Edouard au Chemin des Dames,
Et je m'ennuie rue d'Amsterdam.

Victoria, 1939.
L'été commence bien.
Nous partons en vacances
A Dinard.
J'irai sur la tombe d'Edouard.

Victoria, 1943.
La guerre n'en finit pas.
Jean-Pierre a deux ans.
Michel est à Berlin.
A Paris, on crève de faim.

Victoria, 1968.
Le printemps commence bien.
J'irai en vacances
A Dinard.
Je garderai les enfants le soir.

Victoria, 1978.
La vie n'en finit pas.
Déjà 85 ans
Qui sonnent.
Je n'intéresse plus personne.

Victoria, 1980.
Je vais mourir demain
Et ils vont m'enterrer
Entre deux rendez-vous.
J'ai eu ma tête jusqu'au bout.

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