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10 mai 2007

Michel Sardou-1967

Merci Seigneur

Ecoutez bien,
Ecoutez bien.

Je sais que je dois mourir.
J'ai peur d'y mettre le temps.
Dis-moi le bel âge pour mourir,
Et bien mon vieux c'est à vingt ans.

Alors tant pis pour nos vieillards,
Pour nos anciens combattants :
Ils partiront un peu plus tard,
Quand les fusils auront des dents.

Je meurs de faim,
Je meurs de faim,

"Qui dort dîne", dit le proverbe.
La vache est couchée dans l'herbe,
Mais comme cette vache est sacrée,
Aucun indien n'peut la bouffer,
Alors tant pis pour leurs vieillards,
Pour leurs anciens combattants :
Ils mangeront un peu plus tard,
Lorsque les vaches perdront Ieurs dents.

Merci Seigneur,
Merci Seigneur,

Les pauvres noirs, on les tue.
On lâche les chiens dans la rue.
Ne pleurons pas sur leur sort.
Nous sommes condamnés à mort.
Alors tant pis pour nos vieillards,
Pour nos anciens combattants :
S'ils sont habillés de noir,
La fille que j'aime est tout en blanc.

Merci Seigneur je meurs de faim,
Merci Seigneur je meurs de faim.

Les ricains

Si les Ricains n'étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie
A parler de je ne sais quoi,
A saluer je ne sais qui.

Bien sûr les années ont passé.
Les fusils ont changé de mains.
Est-ce une raison pour oublier
Qu'un jour on en a eu besoin ?

Un gars venu de Géorgie
Qui se foutait pas mal de toi
Est v'nu mourir en Normandie,
Un matin où tu n'y étais pas.

Bien sûr les années ont passé.
On est devenus des copains.
A l'amicale du fusillé,
On dit qu'ils sont tombés pour rien.

Si les Ricains n'étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie
A parler de je ne sais quoi,
A saluer je ne sais qui.

Tu as changé

On m'avait parlé d'incendie.
On m'avait dit : "Tout est brûlé"
Tout a repoussé par ici.
Il n'y a que toi d'abîmée.

Tu as changé,
Tu as changé.

On m'avait parlé de la pluie.
On m'avait dit : "Tout est noyé"
Tout a refleuri par ici.
Il n'y a que toi de fanée.

Tu as changé,
Tu as changé.

Petite fille, me diras-tu
Ce que l'hiver t'a raconté
Pour que tu te sois transformée ?
Moi, je ne reconnais plus.

Tu as changé,
Tu as changé.

On m'avait parlé de la terre.
On m'avait dit : "Elle a craqué"
Elle est toujours au bord de mer.
Il n'y a que toi d'isolée.

Tu as changé,
Tu as changé.

Cent mille universités

Quand il y aura cent mille universités,
Cent millions d'hommes vivant dans les facultés,
Qu'adviendra-t-il de nos petits métiers ?
Restera-t-il un sabotier ?
Qu'adviendra-t-il de nos petits métiers ?
Restera t il un sabotier ?
Il nous faudra vivre pendant de longs mois
Sur un banc de bois,
Dans une maison triste
Où l'on ne parlera que de chiffres et de lois.

Quand il y aura cent mille universités,
Les filles n'auront même plus le temps d'aimer.
Que feront-elles quand on ira rechercher
La fille du dernier sabotier ?
Que feront-elles quand on ira rechercher
La fille du demier sabotier ?
Tout sera plus sombre autour de leur vie
Habillées d'ennui
Et comme des ombres,
Elles se diront "Où sont tous les garçons ?"

Quand il y aura cent mille universités,
Cent mille toits pour cerveaux à cultiver,
Entre deux grands problèmes à évoquer,
Qui parlera du sabotier ?
Entre deux grands problèmes à évoquer,
Qui parlera du sabotier ?
Il nous faudra vivre dans un grand building,
Histoire de standing.
Fini les beaux livres.
On dira je t'aime sur des IBM.

Quand il y aura cent mille universités,
Cent millions d'hommes vivant dans les facultés,
Qu'adviendra t il de nos petits métiers ?
Restera-t-il un sabotier ?
Qu'adviendra t il de nos petits métiers ?
Restera-t-il un sabotier ?
Qu'adviendra t il de nos petits métiers ?
Restera-t-il un sabotier ?
Qu'adviendra t il de nos petits métiers ?
Restera-t-il un sabotier ?

Les fougères

Quand on lui dit : "Homme de la terre,
Quand on lui dit : "Homme de la terre,
On vient pour couper ta forêt."
On vient pour couper ta forêt."
Il dit : "D'accord mais, s'il vous plaît,
Il dit : "D'accord mais, s'il vous plaît,
Ne tuez jamais mes fougères."
Ne tuez jamais mes fougères."

Quand on lui dit : "Homme de la terre,
Quand on lui dit : "Homme de la terre,
A quoi peuvent servir des fougères ?"
A quoi peuvent servir des fougères ?"
Il dit que bientôt c'est la guerre,
Il dit que bientôt c'est la guerre,
Qu'elles serviront pour le cacher.
Qu'elles serviront pour le cacher.

Quand on lui dit : "Homme de la terre,
Quand on lui dit : "Homme de la terre,
Il va falloir semer les blés."
Il va falloir semer les blés."
Il dit : "D'accord. Si vous voulez,
Il dit : "D'accord. Si vous voulez,
Mais ne tuez jamais mes fougères."
Mais ne tuez jamais mes fougères."

Quand on lui dit : "Homme de la terre,
Quand on lui dit : "Homme de la terre,
On n'se nourrit pas de fougères."
On n'se nourrit pas de fougères."
Il dit que bientôt c'est la guerre,
Il dit que bientôt c'est la guerre,
Qu'il faudra vivre sans manger.
Qu'il faudra vivre sans manger.

Quand il a déclaré la guerre
Quand il a déclaré la guerre
Parc'qu'on avait voulu semer,
Parc'qu'on avait voulu semer,
Il nous a tués par derrière.
Il nous a tués par derrière.
Nous n'avions rien pour nous cacher.
Nous n'avions rien pour nous cacher.

Petit

Petit,
N'écoute pas les grands parler.
Va t'en jouer dans le jardin.
Il y fait meilleur ce matin.
Petit,
N'écoute pas ta mère pleurer.
Tant pis si elle a du chagrin.
Va t'en courir dans le jardin.

Ecoute le vent quand il va tomber.
Il te dira où il va se coucher.
Il te dira pourquoi il se met en colère.
Il te dira pourquoi j'ai fait pleurer ta mère
Et tant pis si tu ne comprends pas très bien.
Tu reverras le vent demain.

Petit,
N'écoute pas ton père partir
Même si jamais il ne revient,
Va t'en courir dans le jardin.

Ecoute le vent quand il va tomber.
Il te dira où il va se coucher.
Il te dira pourquoi il se met en colère.
Il te dira pourquoi j'ai fait pleurer ta mère
Et tant pis si tu ne comprends pas très bien.
Tu reverras le vent demain.

Petit,
N'écoute pas les grands gémir.
Va t'en jouer dans le jardin.
Il y fait meilleur ce matin.
Il y fait si beau ce matin.

Le train de la dernière chance

Dans ce pays perdu, j'étais venu.
J'avais cru ce que l'on m'avait promis.
Un village de planches avec ses rues
Etait sorti des mains de mes amis.

A l'heure de l'abandon, je suis resté
Tout seul dans le village déserté.
Je prends le dernier train car, derrière lui,
Ils déboulonnent les rails : tout est fini.

Le train de la dernière chance m'emporte très loin.
J'ai perdu et je serre les poings.
Le train de la dernière chance n'a qu'un voyageur
Sans espoir et la rage au cœur,
Ouais la rage au cœur.

J'avais juré à la fille que j'aimais
Qu'un jour je reviendrai comme un vainqueur.
Il ne me reste rien que ce billet
Et la colère qui brûle dans mon cœur.

Le train de la dernière chance roule dans la nuit
Vers la vie et vers mon pays.
Le train de la dernière chance peut bien m'emporter
Moi je sais que je reviendrai,
Ouais je reviendrai,
Ouais je reviendrai.

Les moutons

J'aime bien les moutons.
Ce que je n'aime pas,
C'est de marcher au pas
Comme un petit soldat,
Et d'aller où ils vont.
Non, non, non.

J'aime bien les moutons.
C'est gentil. C'est tout blanc.
C'est très obéissant.
Ce qui est moins marrant,
Les moutons, on les tond.

Mais il est peut-être déjà trop tard
Pour abandonner le troupeau,

Un beau matin, sans m'en apercevoir,
J'aurai de la laine sur le dos,
Comme un mouton.

J'aime bien les moutons.
Ce que je n'aime pas,
C'est de marcher au pas
Comme un petit soldat,
Et d'aller où ils vont.
Non, non, non.

J'aime bien les moutons
Quand je suis le berger.
C'est gentil,
C'est mignon,
L'été, à Saint-Tropez,
Les moutons en jupon.

Mais il est peut-être déjà trop tard
Pour abandonner le troupeau,
Un beau matin, sans m'en apercevoir,
J'aurai de la laine sur le dos,
Comme un mouton.

J'aime bien les moutons,
Mais, malheureusement,
Parfois, quand ça leur prend,
Ils s'en vont en bêlant
Se jeter comme des fous
Dans la gueule des loups
Ou dans celles des lions.
Pauvres petits moutons...
Pauvres petits moutons...

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